Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 06:58



"Erlendur se rappela qu'il était question de neige quelque part dans la Bible, de péchés et de neige, il essayait de se remémorer le passage:bien que vos péchés soient d'un rouge écarlate, ils seront blancs comme neige."   

 

                                  LA VOIX (pages 192/3)

 

 

 

  En 2002 déjà, le commissaire Erlendur vivait en solitaire, loin de sa femme depuis un quart de siècle, accusé d’abandon par ses enfants drogué ou alcoolique:pour toujours, il soigne sa mélancolie en enquêtant...Par hasard et très brièvement, il redevient vaguement sentimental.


  LA VOIX est une aventure où sont en place des obsessions et des qualités que l’on retrouve dans les romans d’A. Indridason:une certaine lenteur dans l’enquête, un regard indulgent sur bien des comportements humains, des portraits assez subtils, de l'humour noir, des passions cuites et recuites dans des familles étouffantes et, formellement comme psychiquement, une obsession du duo. La victime, Gulli (Gudlauger Egilsson) a pu être assassinée par sa sœur ou par une sœur (récemment violée) et un frère junky et tapineur. En parallèle (double construction classique chez lui), nous suivons avec une collègue d’Erlendur une enquête sur violence faite à un enfant par un père ou une mère. Sans oublier deux frères que l’on retrouvera dans ÉTRANGES RIVAGES:Erlendur lui-même et son frère disparu dans une tempête de neige alors qu’il avait dix ans. On ne sera pas surpris de voir se dégager un aveu final avec une scène de reflet dans une vitre...


  On a tué le Père Noël d’un hôtel de luxe. La victime est retrouvée morte dans une cave avec cagibi où elle vivait depuis longtemps (l’antre, la tanière, un des grands lieux indridasonniens).
 

 

   Noël, fête de la Nativité, de l’enfant, de l’enfance. Cette enquête est une plongée dans le monde de l’enfance malheureuse, sacrifiée, martyrisée et jamais guérie. Gulli, la victime, fut une VOIX extraordinaire de beauté et de douleur jusqu’à ce que survienne sa mue en plein concert. De vedette adulée et promise au succès, il sombra dans l’anonymat et vécut mal la haine de son père. Il vivait avec une grande photo de Shirley Temple dans son réduit minable. Dans l’autre affaire, un enfant refuse de parler et de dénoncer celui ou celle qui le roue de coups. De son côté, Erlendur comprend que son refus de prendre des responsabilités en dehors de son métier (ce qui lui reprochent ses enfants) provient de la perte de son frère dont il lâcha la main au cœur de la tempête. Lui-même vit en reclus parmi les livres (le roman cite Hölderlin, Auden…) et passe la semaine de Noël dans l’hôtel de son enquête. Comme par hasard il fait froid, très froid dans sa chambre, le radiateur étant hors de service. Comme d'autres collectionnent tout et n'importe quoi (sacs de vomi ou disques de Gulli), il collectionne les enquêtes.


  Dans un univers où la beauté est absente, une voix possédait une pureté absolue. On tua deux fois celui qui, grâce à cette voix, guidait  les êtres vers leur vérité. On en fit un rebut méprisé et on le tua pour faire de l’argent avec ses disques devenus objets de spéculation chez les collectionneurs. 

  Le livre de l’enfance volée et de la beauté oubliée.

 

  Erlendur hochait déjà beaucoup la tête.

 

 

Rossini, le deux juin 2013

Partager cet article
Repost0

commentaires